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nous commencerons par nous bien défendre, je vous en avertis, et j’imagine que M. le commandant de notre garde civique ne nous abandonnera pas dans le danger.

LE COMTE. Le doute m’offense, monsieur. Laissez-moi le temps de donner chez moi quelques ordres, et je vous suis. (À Raboisson.) Venez, baron, c’est à vous que je veux confier la garde du château en mon absence. (Ils sortent.)


SCÈNE IV. — LE MOREAU, REBEC.

REBEC. Eh bien, il a tout de même l’air de vouloir faire son devoir, le grand gentilhomme ! Avez-vous vu comme il hésitait au commencement ? Sans moi, qui lui ai dit son fait…

LE MOREAU. Il hésitera encore, il faut le surveiller. Honnête homme, timoré et humain, mais irrésolu et royaliste. Ces gens-là sont bien embarrassés, croyez-moi, quand ils essayent de faire alliance avec nous. Nous nous flattons quelquefois de les avoir assez compromis pour qu’ils soient forcés de rompre avec leur parti ; mais, le jour où ils peuvent nous fausser compagnie, ils s’en tirent en disant que nous leur avons mis le couteau sur la gorge.

REBEC. Bah ! bah ! celui-ci, nous le tiendrons, c’est-à-dire… (regardant par une fenêtre) vous le tiendrez ! Moi, je…

LE MOREAU. Où allez-vous ?

REBEC. Je vais sur le chemin surveiller l’arrivée de mes denrées.

LE MOREAU. Quelles denrées ?