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sûr ! — C’est le petit qui dit le seul mot qu’il sache, maman ! Va, pauvre malheureux, c’est elle qui te mène, ce n’est pas moi !… Qu’est-ce que je vois de blanc là-bas ? Elle surnage ? Non, c’est une lame… et ce n’est plus rien… Tout est dit, le brouillard et l’eau ont tout fait ; ils ne parleront pas… Je vais remonter auprès de la mariée… l’arranger pour le bal… Mais qu’est-ce que j’ai, donc ? je ne peux pas marcher. Suis-je bête ! j’en ai bien vu d’autres et j’ai bien fait pire ! — Mais, si le maître était fâché, s’il regrettait l’enfant ? — Bah ! ce n’est pas son fils !… D’ailleurs, je lui ai pardonné la mort de Cadio, moi ! il faudra bien qu’il me pardonne… Cadio ! si sa pauvre âme voyait ce que je viens de faire !… Ah ! j’ai peur ! (Elle veut remonter l’escalier et s’arrête hallucinée.) Il est là, je le vois ! Laisse-moi passer, Cadio ! le flot monte toujours… Tu ne veux pas ? tu me parles ? qu’est-ce que tu dis ?… Je périrai comme j’ai fait périr ? Il me pousse… je tombe ! (Elle se cramponne au rocher.) Non, non, c’était un rêve ! ce n’est pas lui, ce n’est rien ! Est-ce que je deviens folle aussi, moi ? (Elle remonte l’escalier en courant.)