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LA COMTESSE. Bah ! elle n’est pas la seule qui lui ait donné un enfant idiot ! C’est une particularité assez plaisante dans la vie de Saint-Gueltas : tous ses bâtards sont nés contrefaits, imbéciles ou affectés d’un vice du sang. On n’a jamais pu en élever un seul.

RABOISSON, d’un air ingénu. À propos d’enfants, monsieur votre fils se porte bien ?

LA COMTESSE, d’un air dégagé. On ne peut mieux. (Bas.) Impertinent, vous me payerez cela.

L’ÉMISSAIRE. Depuis quand donc le marquis est-il veuf ?

RABOISSON. Depuis deux ans.

L’ABBÉ SAPIENCE. Je crois qu’on n’en sait rien.

RABOISSON. Pardon, monsieur l’abbé, personne n’ignore que la marquise était avec son fils au château de Morande quand les républicains l’ont surpris et brûlé.

L’ABBÉ. Je sais que la mère et l’enfant ont disparu à ce moment-là ; mais j’imagine que le marquis produira quelque preuve de leur mort ?

RABOISSON. Cela regarde le prêtre qui va consacrer le nouveau mariage. Vous pensez bien qu’il s’est mis en règle.

L’ABBÉ. S’il avait négligé ce soin, il faudrait l’avertir si vous souhaitez que le mariage soit valide !

LA COMTESSE, bas, à Raboisson. Est-ce qu’il y a quelque doute à cet égard ?

RABOISSON. Aucun que je sache ; mais l’abbé est vendu à M. de Charette, et il a tout fait pour desservir Saint-Gueltas auprès de l’émissaire des princes. Il faudrait empêcher cela.

LA COMTESSE. Je m’en charge.