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désespérées qui tuent les pusillanimes, mais où les vaillants se retrempent et forcent Dieu lui-même à se rétracter. — Tu trembles… Qu’as-tu donc ? Tu pleures encore ?

LOUISE. Oui… N’importe ! où tu iras, j’irai, et ce que tu voudras, je le veux !

SAINT-GUELTAS. Viens donc sur mon cœur, et, là, dans cette solitude enchantée, sous le regard protecteur des étoiles, dis-moi…

LOUISE, tressaillant. Écoutez ! Le bateau ! il aborde ! Nous sommes découverts !… Nous sommes perdus !

SAINT-GUELTAS, la poussant sous la hutte de roseaux. Reste là, ne bouge pas, et ne crains rien ! (Il s’élance vers le rivage un pistolet dans chaque main.)




Scène II. — LA KORIGANE, SAINT-GUELTAS, ROXANE.



LA KORIGANE, faisant débarquer Roxane et restant sur le batelet qu’elle conduit. Vite, vite ! Ils sont là ! Sautez sur le sable ; moi, je remise et je cache le bateau. (Elle descend la rivière un peu plus loin.)

SAINT-GUELTAS, qui débusque de l’oseraie ; à part. La tante ! Ah ! que le démon te réduise en fumée, vieux fantôme ! (Haut.) Comment ! c’est vous, mademoiselle de Sauvières ?

ROXANE. Eh bien, oui, c’est moi, cher marquis. Ne m’attendiez-vous pas ?

SAINT-GUELTAS. Non, certes, pas ici. Raboisson devait vous conduire…

ROXANE. Il s’est chargé de la Tessonnière. J’allais partir avec eux, quand la brave petite Korigane est accourue pour me dire de votre part de monter en