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n’existe pas. Quand même la loi impie qui prétend le rendre sérieux sans consécration religieuse ne serait pas déchirée au premier jour de raison et de foi qui luira sur la France, il n’aurait aucune valeur.

SAINT-GUELTAS. Comment s’est-il fait ? sous quels noms ?

LOUISE. Ma tante et moi, nous avons été mariées sous des noms d’emprunt.

SAINT-GUELTAS. Vous en êtes sûre ?

LOUISE. Très-sûre, j’ai bien écouté ce qu’on a lu.

SAINT-GUELTAS. Avez-vous lu ce qu’on a écrit ?

LOUISE. Non ; mais l’acte sera détruit. Celui qui l’a rédigé a tout intérêt à n’en pas laisser de traces. D’ailleurs, vous m’avez promis de faire arrêter le secrétaire du délégué, qui doit aller demain à la municipalité pour vérifier le registre et renouveler la persécution. Jurez-moi qu’il en sera empêché et que mes pauvres amis de la ferme ne seront pas victimes de ma fuite précipitée.

SAINT-GUELTAS. Je vous le jure ! On vous apportera, si vous le voulez, les deux oreilles de M. le secrétaire.

LOUISE. Ne pouvez-vous me promettre de préserver mes bons paysans sans me remettre sous les yeux les horribles représailles…

SAINT-GUELTAS. Il faut vous habituer à ces images-là, Louise. Vous n’avez rien vu dans la guerre de Vendée, celle que nous commençons sera autrement terrible. On a exaspéré le sentiment populaire, on a mis en vigueur l’affreux décret de la Convention. On a brûlé les chaumières, égorgé les femmes et les enfants des insurgés absents ; on a dévasté leurs champs, détruit leurs bestiaux. Il faudra payer cher ces atrocités !