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sans qu’il les voie ! (Bas, allant à lui.) C’est moi, ne craignez rien.

HENRI. C’est justement toi que je cherche.

REBEC. Et comment diable avez-vous fait pour lâcher votre consigne ?

HENRI. J’ai risqué ma tête, voilà tout ; j’ai laissé le délégué sous bonne garde à Donges, où il passe la nuit. Je suis venu seul à bride abattue. J’ai caché mon cheval derrière le moulin. Me voilà. Parle vite. Louise est ici ?

REBEC. Mais… non ! je ne vous ai pas dit ça !

HENRI. Tu me l’as fait entendre par signes tantôt ; tu me montrais ces bois…

REBEC. Oui, le côté par où elles se sont sauvées.

HENRI. Ainsi cette Françoise, cette Marie-Jeanne, qui ont attiré les soupçons, ce n’est pas Louise et sa tante ?

REBEC. Si fait ! c’est à moi qu’elles doivent leur salut. Je les ai protégées ici pendant tout l’hiver ; mais, ce soir, elles ont été prudemment se réfugier ailleurs.

HENRI. Où ça ? Dis-le donc vite !

REBEC. Vite, vite !… permettez, monsieur Henri. Ce que vous voulez faire est une trahison envers la République !

HENRI. Ah ! tu as des scrupules, à présent ?

REBEC. J’en ai… j’en ai pour vous ! Vous n’en avez donc plus ?

HENRI. Quant à cela, non ! Ce n’est plus la guerre, c’est-à-dire le besoin de se défendre ; c’est la persécution, c’est-à-dire le besoin de se venger. Malheureusement, je n’ai ni temps ni fortune, ni liberté d’agir pour assurer la fuite de ces deux femmes ; mais je peux faire qu’elles soient averties de quitter la France