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épouser un fonctionnaire… ce n’est pas tant déroger !…

CORNY. Oui, la demoiselle rougit du cornemuseux. Elle aura ouï dire au pays que c’est tous des sorciers et des meneux de loups. Dame, y a ben du vrai là dedans, et Cadio a une parole, une manière, une figure, qui ne sont pas comme celles des autres chrétiens. Pourvu qu’il l’ait pas charmée avec quelque sortilége ! ça s’est vu !

REBEC. Allons donc, Corny, vous dites des bêtises ! Il ne faut plus croire à ces superstitions-là. Moi, je pense que la demoiselle se cache et qu’elle a dit à Cadio de s’en aller. Allons ! on en fera des plaisanteries ; ça ne nous regarde pas.

CORNY. Eh ! eh ! des plaisanteries sur les nuits de noces, c’est ce qu’il faut, mordi ! Je vas en faire aussi !

REBEC. Oh ! mais non ! La vieille pourrait se fâcher et se trahir ! Croyez-moi, poussez tout votre monde à boire et à danser, ça fera oublier les absents.

CORNY. J’vas flanquer de l’eau-de-vie dans le cidre. Allons, venez-vous ? (Il rentre.)



Scène V. — REBEC, puis HENRI et CADIO.


REBEC. C’est drôle tout de même, ces mariages-là ! On ne sait pas ce qui peut arriver. S’ils étaient bons par hasard, et si ces dames rentraient dans leurs biens ?… Qu’est-ce qui rôde donc par là ? Miséricorde ! M. Henri ! Vient-il pour les faire sauver ? Oh ! pas de ça ! Et la visite de demain ! Il faut l’éloigner d’ici,