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feuille rampe et s’en saisit.) Ah ! Voilà leur cœur, à ces femmes-là ! voilà leur amitié, leur reconnaissance ! Je comprends à présent ce que j’ai entendu là ce matin ! Ces trois fous, ces trois fantômes qui voulaient boire du sang, c’est des hommes qu’on a humiliés et qui se vengent !… Mais qu’est-ce que je peux faire, moi ?… Je dois pourtant sauver la cousine d’Henri, car il l’enlève, ce démon ! (Le brouillard s’est dissipé, il voit Saint-Gueltas et Louise, dans la barque, quitter la rive.) Ils remontent le courant ! j’irai plus vite qu’eux ! Je crierai à Louise que son père est mort. Il le faut. (Il va vers la barrière.)

TIREFEUILLE, qui le guette, lui plonge son couteau dans le flanc et disparaît en disant : Il a son affaire ! (Cadio est tombé sur le coup.)

CADIO, égaré, se soulevant. Eh bien, qu’est-ce que c’est donc ? Pourquoi ce coup de poing ? Tant pis ! Allons ! Comment ! me voilà sans force ? Il m’a fait grand mal, ce lâche ! (Regardant sa main qu’il a portée à son côté.) Du sang ? est-ce du sang ? Ah ! l’assassin ! qu’est-ce qu’il m’a fait ? N’importe, j’irai. Louise !… (Il retombe sur la paille et reste évanoui.)



Scène IV. — CORNY et REBEC sortent de la maison et passent près de CADIO sans le voir.


CORNY. C’est drôle tout de même que les deux jeunes mariés ne se montrent point ! Faudrait pourtant qu’on les voie !

REBEC. Moi, je vois ce que c’est… Mademoiselle Louise a grand’honte de ce mariage ; elle n’est point comme sa tante, qui en rit parce qu’au bout du compte