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SAINT-GUELTAS. Diable !

TIREFEUILLE. Il y a une noce dans la famille, elles doivent en être. Vous ne pouvez pas manquer de les voir rentrer d’un moment à l’autre.

SAINT-GUELTAS. C’est juste, attendons. Monte la garde. (Tirefeuille s’éloigne. — À Raboisson.) Pour conclure, je ne t’empêche en aucune façon de prendre deux de mes chevaux pour emmener la tante et le vieillard. C’est à tes risques et périls, mon cher ; mais tu ferais mieux de les avertir que nous reviendrons plus tard exprès pour eux. Moi, j’emmène Louise, je l’ai résolu, je le veux, je l’aime !

RABOISSON. Et tu l’épouses ?

SAINT-GUELTAS. Ah ! c’est là ce que tu veux me faire jurer ?

RABOISSON. Oui. J’étais l’ami et l’obligé de son père. Eh ! mon Dieu ; je ne suis pas plus scrupuleux qu’un autre, tu le sais bien ; mais Louise m’intéresse. Ce n’est pas une femme ordinaire. Elle se tuera, si tu la trompes.

SAINT-GUELTAS. Ou elle me tuera, je le sais. C’est pour cela que j’en suis fou, et que, si je ne peux pas la vaincre autrement, je l’épouserai. Es-tu satisfait ?

RABOISSON. Pas trop. Il y a trop de conditionnel dans la rédaction de ton contrat.

SAINT-GUELTAS. Ah ! sacredieu ! voyons, es-tu un dévot ou un père de famille pour me chicaner de la sorte ? Non, tu es un vieux garçon comme moi, et tu sais de reste qu’on ne doit que de l’amour aux femmes qui ne demandent que de l’amour… Dieu leur a donné comme à nous de la volonté pour résister, et des griffes, faute d’autres armes, pour se défendre. Qu’elles se défendent, si bon leur semble,