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Oui, prenez-le comme vous voudrez… je dis un…

LOUISE. Ma tante !…

LE COMTE. Cela ne m’offense pas, mon enfant ! Devant les arrêts de sa propre conscience, un homme peut trembler et reculer.

ROXANE. Ainsi vous reculez ? c’est décidé ? Heureusement, notre neveu Henri… Ah ! celui-là,… ton fiancé, Louise, c’est l’espoir de la famille !

LOUISE. Vous croyez que Henri… ?

MARIE. Oui, certes, M. Henri vous reviendra !

LE COMTE. Il le peut, lui ! Enrôlé par force, pour échapper à la terrible liste des suspects, il a le droit de déserter.

LOUISE. Ah ! vous l’approuveriez ? En effet, ce serait son devoir ! Espérons qu’il le comprendra. Quand il saura dans quelle situation vous vous trouvez, entre la bourgeoisie que vous êtes forcé de protéger, et les paysans qui menacent de se tourner contre vous, il accourra pour prendre un commandement dans l’armée vendéenne, et il vous fera respecter de tous les partis.

LE COMTE. Ma pauvre Louise, tu crois donc aussi, toi, au succès de l’insurrection ?

LOUISE. Comment en douter quand on voit tout marcher à la guerre sainte, jusqu’aux prêtres, aux femmes et aux enfants ? Que cet élan est beau, et comme le cœur s’élance vers cette croisade !…

ROXANE. Vive-Dieu, Louise ! tu as raison : cela transporte, cela enivre ! Il y a des moments où j’ai envie de prendre des pistolets, de chausser des éperons, de sauter sur un cheval, et de donner la chasse aux vilains de la province !

LE COMTE. Vous ?