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REBEC. Oui, oui, et tout de suite ! Je cours préparer les actes, Corny se charge de trouver les témoins.

CORNY. J’y vas, ça ne sera pas long.

LA TESSONNIÈRE, à Roxane. Eh bien, en voilà une plaisanterie ! Si je n’avais la goutte, je danserais à votre noce, ma chère amie !

ROXANE. Ne riez pas ou cachez-vous. Je vais m’habiller. (Elle s’en va.)

CADIO, (à Louise.) Vous n’avez pas peur ?…

LOUISE. De quoi ?

CADIO. Alors… vous m’estimez ? vous avez confiance en moi ?

LOUISE. N’en es-tu pas digne ?

CADIO. Si Henri était là, il dirait oui pour moi, lui ! C’est lui qui m’a fait penser que j’étais un peu plus qu’un chien… Sans doute vous le pensez aussi, puisque vous me demandez un service d’ami ?

LOUISE. Oui, je te regarde comme un ami sérieux.

CADIO, mélancolique toujours. Alors, je suis content. Allez vous faire belle, — pour qu’on croie que vous m’épousez de bon cœur !




DEUXIÈME TABLEAU


Une heure s’est écoulée. La nuit est venue. — Les brumes de la Loire enveloppent l’horizon et rampent sur les prairies ; au zénith, le ciel est parsemé d’étoiles brillantes. — La ferme est déserte et silencieuse, sauf la maison d’habitation, où brille la vive clarté du foyer à travers les vitres ternes et rougeâtres. — Les ombres vagues de quelques femmes passent et repassent vivement entre le vitrage et le foyer. Tout à coup les chiens aboient avec fureur.