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S’il est lâche, qu’on le fusille ; exterminons tous les lâches !

LE DEUXIÈME SECRÉTAIRE, amenant Rebec. Avance donc, poule mouillée ! Tu trembles ?

LE DÉLÉGUÉ. Qu’est-ce que vous voulez que je dise à un pareil âne ? Vous m’obsédez !

LE PREMIER SECRÉTAIRE. Puisque tu retombes dans l’apathie, je l’interrogerai, moi. (À Rebec.) Va chercher ton registre de police municipale.

REBEC. Je l’ai sur moi ; le voici.

LE PREMIER SECRÉTAIRE, cherchant. La liste des habitants de cette ferme !

REBEC, montrant la feuille. La voilà. J’étais en train de la dresser.

LE SECRÉTAIRE. « Corny, Jean-Baptiste, fermier du Mystère. » Qu’est-ce que cela signifie ? quel mystère ?

CORNY, avançant. C’est le nom de l’endroit, citoyen.

LE SECRÉTAIRE. Qui le lui a donné ?

CORNY, tranquille et souriant. Oh dame ! c’est vous autres !

LE SECRÉTAIRE. Comment cela ? Te moques-tu de nous ?

CORNY. Non, citoyen. L’endroit s’appelait le Saint-Mystère, à cause d’une chapelle qu’il y avait. On a donné l’ordre d’abattre la chapelle, et on a défendu de donner aux hameaux des noms de saints. On a obéi, nous autres, et v’là pourquoi l’endroit s’appelle le Mystère tout court.

LE SECRÉTAIRE, au délégué. Explication captieuse ! Ce nom désigne pour les brigands un lieu de refuge. (Il lit la liste dressée par Rebec.) « Corny, fermier, sa femme, ses fils… leurs épouses et enfants. » Ah ! qu’est-ce que c’est que Marie-Jeanne, âgée de quarante-sept ans ?

REBEC. Fille de peine.