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même ! Souhaitez-vous boire un pichet de cidre, monsieur Lycurge ?

REBEC. Citoyen Lycurgue donc ! Non, merci, je n’ai pas besoin de ça pour être votre ami. (À part.) C’est mon intérêt !



Scène III. — Les Mêmes, ROXANE, LA TESSONNIÈRE, lisant un journal sous le hangar.

ROXANE, mal déguisée en paysanne, avec un reste de coquetterie. Bonjour, citoyen Lycurge ; comment va ton commerce ?

REBEC. Comme ça, comme ça, Marie-Jeanne. Les temps sont trop durs. Les moutons d’ici n’ont que la peau et les os.

ROXANE. Allons donc, coquin ! Tu es de ceux qui spéculent sur la famine !

REBEC. Moi ?

ROXANE. Oui, toi, j’en mettrais ma main au feu ; tu as toujours su profiter du malheur des autres. Tu aurais aidé à brûler notre château, si tu n’avais pas espéré que la Vendée triompherait. À présent que tu la crois anéantie, tu regrettes bien de n’avoir pas pris ta part à la destruction de notre pauvre manoir.

REBEC. Au diable votre manoir ! C’est lui qui me force à me cacher, à m’exiler de mes pénates !

ROXANE. Bah ! tu auras fait danser l’anse du panier, monsieur le gardien du séquestre ! et la République, qui veut tout garder pour elle, t’aura chassé ! C’est la seule bonne chose qu’elle aura faite.

REBEC, à Corny qui écoute. Oh ! elle est méchante, la vieille ! (À Roxane.) Citoyenne Marie-Jeanne, vous êtes