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mourra à ses côtés, pour lui et avec lui ? Ah ! maudite ! tu m’as pris ma vie en lui prenant son cœur, et, à présent, tu me voles ma mort, que je voulais lui donner !

ROXANE, arrivant avec la Tessonnière. Par ici, tenez ! un de nos petits Vendéens ; il va nous dire où nous sommes.

LA TESSONNIÈRE. Ce n’est pas la peine : voilà le calvaire et notre pauvre calèche brisée !

ROXANE. Ah ! mon Dieu ! voilà une grande heure que nous marchons pour nous retrouver au même endroit, et pour nous rapprocher peut-être du lieu du combat ! Écoutez ! il me semble que j’entends… Non, rien ! Mais nous sommes ensorcelés ! (À la Korigane.) Petit ! petit !

LA KORIGANE. Tiens, c’est la vieille folle !

ROXANE. Deux louis si tu veux nous conduire en lieu sûr, dans quelque maison… (La Korigane ne bouge pas.) Sais-tu si la ville est prise ? Réponds donc ! (À la Tessonnière.) C’est quelque Breton des côtes ; il ne comprend pas.

LA TESSONNIÈRE, bas. Non, c’est la Korigane ; elle s’habille en homme, à présent ; c’est l’héroïne sanglante, la maîtresse de Saint-Gueltas !

ROXANE. Fi ! la Tessonnière, vous avez les idées d’un vieux libertin !

LA TESSONNIÈRE. Moi ? Ah ! par exemple !…

ROXANE. Ma petite Korigane, puisque c’est toi, tu vas nous conduire et nous protéger !

LA KORIGANE. Vous ? Allez au feu d’enfer avec vos pareilles !

ROXANE. Ah çà ! tu ne me reconnais donc pas ? moi, ta maîtresse, qui te gâtais !…