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SAINT-GUELTAS. La ville est défendue. Il me faut du renfort pour l’attaquer.

LOUISE. Vous n’en aurez pas ; les bleus sont derrière nous !

SAINT-GUELTAS. Vous êtes sûre ?…

LOUISE. Oui ! mon père est là, dans le bois où vous voyez pointer ce grand chêne. Il a pu rassembler et retenir quelques-uns des siens, les meilleurs ; il veut tenir là jusqu’à la mort pour empêcher les bleus de se rejoindre. Il y a un corps qui s’avance sur la gauche.

SAINT-GUELTAS, qui a monté en courant sur la butte. Je le vois ! Votre père va se faire prendre entre deux feux avec une poignée d’hommes… C’est impossible ! Qu’il vienne vite ici ! j’ai encore un détachement qui le soutiendra.

LOUISE. Il l’a tenté en vain. Ses hommes ne veulent plus faire un pas en plaine.

SAINT-GUELTAS. Ah ! c’est comme les miens ! N’importe, tentons ici l’impossible ! Voici le reste de mon armée ; ne la regardez pas, Louise, vous seriez épouvantée du petit nombre… (On voit approcher le chevalier et un petit officier de quatorze ans, suivis d’un corps de Vendéens.) Moi, je n’ose plus les compter ! Tenez, voilà tout ce qui me reste d’officiers, un petit abbé enthousiaste et un enfant intrépide !

LE CHEVALIER, à ceux qui le suivent. Courage, courage ! voilà Saint-Gueltas !

LES VENDÉENS. Vive Saint-Gueltas ! On n’est pas encore perdu.

SAINT-GUELTAS. Non, mes bons gars, mes derniers, mes fidèles ! Rien n’est jamais perdu pour les braves ; Dieu combat pour eux. Encore dix minutes de course,