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— On fait beaucoup de bruit, on crie, on jure, on chante, on menace, on rit ; on saisit avec peine les dialogues confus, croisés, interrompus.


UNE VOIX. Tiens, v’là Mouchon ! Ohé ! les autres ! voyez donc, c’est Mouchon de Puy-la-Guerche ! Dans les volontaires ! qu’est-ce qui aurait jamais dit ça ?

UNE AUTRE VOIX. La République fait des miracles, vous le voyez bien.

UN VOLONTAIRE DE PUY-LA-GUERCHE. Mouchon ? vous ne le connaissez pas ! Il a chargé trois fois l’ennemi… à reculons !

MOUCHON. J’ai chargé en avant et en arrière, c’est la vérité ; ma jument est habituée à tourner le pressoir à cidre, il faut qu’elle aille en rond. On croit qu’elle tourne le dos à l’ennemi ? Pas du tout, la pauvre bête, elle revient lui faire face.

LE VOLONTAIRE. Qu’on le veuille ou non, pas vrai ?

MOUCHON, bas. Tu as tort de te moquer de moi, Pascal ! Les volontaires de Chaumonton vont nous mépriser. Ils font déjà assez d’embarras, parce qu’ils sont mieux montés que nous !

PASCAL. Se moquer ? Qu’ils y viennent ! on leur répondra !

UN GARÇON COIFFEUR, avec émotion. Pas de rivalité, citoyens ! Que toutes les villes du Bocage fraternisent et s’embrassent ! (Un blessé passe sur un brancard.)

UN CLERC DE NOTAIRE. Tiens, mon patron ! Qu’est-ce qu’il y a ?

LE BLESSÉ. Il y a qu’on va me couper le bras, mon pauvre enfant ! Viens-tu voir ça ?

LE CLERC. Sacredieu, non !… Si fait ! je ne vous