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Madame d’Estrelle, sans effort ni apprêt, fut aussi charmante, plus charmante peut-être qu’à la première entrevue. Elle reçut l’horticulteur ni mieux ni moins bien qu’une personne de condition semblable à la sienne. Doué d’une pénétration qui suppléait à son manque d’usage, il sentit bien que la réception était parfaite, et que jamais il n’avait été si bien traité par une personne placée si haut. Il reconnut, en outre, que celle-ci était complètement indifférente à la question d’argent et que sa bienveillance ne cachait aucune arrière-pensée, pas même la pensée de le réconcilier avec madame Thierry, puisqu’elle le lui disait franchement et avec un désir plein de confiance et de cordialité.

Marcel, en voyant la joie que son oncle rapportait de cette entrevue et qu’il ne pensait presque plus à dissimuler, reconnut que la loyauté était en certain cas la meilleure des diplomaties, et que madame d’Estrelle avait plus fait ainsi pour ses protégés et pour elle-même que si elle y eût mis de l’habileté.

— Or çà, lui dit M. Antoine sans attendre ses questions, il faut régler cette affaire du pavillon. Ça vaut pour moi quarante mille livres, je le sais, je les donne, et, comme j’ai l’intention d’en jouir tout de suite, je dois à madame Thierry de souscrire à toutes les prétentions qu’elle pourrait élever. Avec cette femme-là, je ne veux pas de discussions. Dis-lui donc que je la tiens quitte des six mille livres dont j’ai répondu pour elle, voilà mon reçu. Avec cela, s’il lui