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notre parent ; mais je ne veux pas que ma mère soit blessée dans sa fierté vis-à-vis de lui.

— Non ; non ! je n’ai pas de fierté, s’écria madame Thierry, je n’en ai plus, Julien ! Tu travailles trop, tu tomberais malade si nous refusions de traiter avec M. Antoine. Tout ce que Marcel fera, je l’approuve, et, s’il faut m’humilier, j’en serai heureuse ! Faisons notre devoir avant tout, payons toutes nos dettes. Disons à la comtesse qu’il nous importe peu de demeurer ici ou ailleurs, afin qu’elle se hâte de vendre ; et que Marcel dise à M. Thierry que nous réclamons nos droits ou que nous invoquons sa générosité, tous les moyens me seront bons pour que tu recouvres le repos et la santé.

— Ma santé est excellente, reprit Julien avec feu, et mon repos ne serait troublé que par une nouvelle installation. Mon atelier me plaît, j’ai un travail en train…

— Mais tu parles en égoïste, mon enfant ! Tu ne songes pas que cette dame est, comme nous et plus que nous à présent, aux prises avec des créanciers.

— Et tu crois que M. Antoine la sauvera en lui achetant cette bicoque ? Marcel n’en croit pas un mot !

— Ce que je crois, dit Marcel, c’est que M. Antoine subira toutes les conditions qui lui seront imposées par la comtesse d’Estrelle ; il payera cher et il ne vous chassera point. Laissez-moi faire, et peut-être même l’amènerai-je à quelque chose de mieux.

— À quoi donc ? dit madame Thierry.