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Là brillaient des fleurs de toute sorte, fort belles ou fort curieuses, mais perdant toute grâce naturelle sous les cages de jonc, les réseaux de fil d’archal, les parasols de roseau, les étais et les tuteurs de tout genre qui les préservaient des souillures de la terre, des morsures du soleil ou des blessures du vent. Ses rosiers, taillés et émondés à toute heure, semblaient artificiels à force d’être propres et luisants. Ses pivoines s’arrondissaient en boules comme des pompons de grenadier, et ses tulipes brillaient comme du fer-blanc au soleil. Autour du jardin fleuriste s’étendaient de vastes pépinières tristes comme des rangées de piquets pauvrement feuillus en tête. Tout cela réjouissait la vue de l’horticulteur et dissipa sa mélancolie.

Un seul coin de son jardin, celui qui s’étendait jusque vers le pavillon occupé par madame Thierry, offrait une promenade agréable. C’était là que, depuis une vingtaine d’années, il avait acclimaté des arbres exotiques d’ornement. Ces arbres étaient déjà beaux et jetaient de l’ombrage ; mais M. Antoine, n’ayant plus de soins minutieux à leur donner, ne s’y intéressait presque plus, et leur préférait de beaucoup une graine de pin ou d’acacia nouveau-levée sur couche.

Sa serre chaude était merveilleusement belle. C’est là qu’il courut ensevelir les amertumes que Marcel avait réveillées dans sa mémoire. Il parcourut la région de ses plantes favorites, les liliacées, et, après