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— Qui t’intéressait davantage ?

— Franchement, oui, pour le moment ! Je suis vraiment heureux des promenades qu’à chaque instant tu pourras faire dans ce jardin. Je ne serai pas là pour te donner le bras, puisque… naturellement cela ne m’est pas permis ; mais je te verrai sortir, et puis rentrer moins pâle, avec un peu d’appétit, j’espère !

— De l’appétit ! c’est toi qui en manques ! Tu n’as encore presque rien mangé aujourd’hui et tu disais avoir faim. Où vas-tu donc ?

— Reporter au suisse de l’hôtel d’Estrelle le parasol de madame. Il ne serait pas poli de n’y pas songer tout de suite.

— Tu as raison, mais Babet va le reporter. Il est fort inutile de te montrer aux gens de l’hôtel. Cela pourrait faire jaser.

Madame Thierry prit le parasol et le mit elle-même dans les mains de sa servante.

— Pas comme cela ! s’écria Julien en le reprenant. Babet va ternir la soie avec ses mains qui ont chaud.

Il enveloppa lui-même l’ombrelle avec soin dans du papier blanc, et l’abandonna à Babet, non sans regret, mais sans hésitation. Il voyait bien l’anxiété de sa mère, qui l’examinait.

Babet resta dehors dix minutes ; c’était plus de temps qu’il n’en fallait pour longer l’enclos par la rue, pour entrer dans la cour de l’hôtel et revenir. Elle reparut enfin avec l’ombrelle et un billet de la comtesse.