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bien dur et d’un verre de petit vin. C’est mon habitude : je n’ai jamais été sur ma bouche.

On lui servit ce qu’il demandait, et Marcel hâta le départ.

— Je suis sûr que Julien est chez moi à m’attendre, dit-il à sa tante. Il s’ennuie de ne point me voir rentrer ; mais ma femme est là, qui lui fait prendre patience, Juliot babille avec lui, et, s’il était plus malade, comptez qu’il serait fort bien soigné.

Julien s’impatientait mortellement, en effet, en dépit des attentions et des soins dont il était effectivement l’objet chez madame Marcel. Il s’était senti très-faible en arrivant. Il avait essayé de manger un peu et de se distraire avec le gentil caquet de son filleul ; mais, Marcel n’arrivant pas, quand il entendit sonner onze heures, il n’y put tenir : il prétendit que sa mère serait inquiète, s’il ne rentrait pas à minuit. Il promit de prendre une voiture pour s’en retourner à Sèvres, et partit pour la rue de Babylone, où il se rendit à pied par des détours et avec mille précautions, pour n’être pas observé et suivi, comme autrefois, par quelque agent de M. Antoine. Il arriva sans encombre. Ses démarches n’étaient plus surveillées. Il y avait trop longtemps que M. Antoine espionnait Julie pour n’être pas certain qu’elle n’avait plus de relations avec Julien.

Quand minuit sonna, Julien, qui était à la porte depuis un quart d’heure, entra et trouva Julie, qui, depuis un quart d’heure, l’attendait aussi dans le pa-