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d’elle, et c’est la vérité… » À propos, vous vous intéressiez à ces gens-là, à la mère surtout ? La voyez-vous encore ?

— Elle n’a plus besoin de moi, je n’ai plus de raisons de la voir.

— Alors je vois que tout va bien, sauf votre santé, qui m’inquiète. Voulez-vous venir à Chantilly avec moi ? J’y vais passer un mois ; nous verrons du monde, ça vous remettra, et peut-être, si vous reprenez vos belles couleurs, trouverons-nous un mari pour vous.

La baronne d’Ancourt partit enfin, caquetant, offrant ses services, plaignant son amie jusque sur le marchepied de sa voiture, criant après les égoïstes, et au fond ne se souciant de rien au monde que d’elle-même.

— Elle est par trop fière et trop méfiante, cette Julie, se disait-elle. Ma foi, je ne la reverrai pas de sitôt ! Elle est navrante. Si elle a besoin de moi, elle saura bien me trouver.

Il en fut à peu près ainsi de toutes les connaissances de madame d’Estrelle. Jamais elle ne s’était si bien rendu compte de l’abandon où tombent ceux qui s’abandonnent eux-mêmes, et elle s’abandonna d’autant plus, car elle sentait son cœur se dessécher.

Quand elle eut passé quelques jours sans paraître songer à prendre aucun parti, elle se réveilla un matin pour dire à Marcel :

— J’ai fait ce que vous avez voulu ; je me suis montrée, j’ai expliqué mon absence, j’ai annoncé