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Elle promettait de voir sou médecin et de guérir.

La baronne d’Ancourt vint deux jours après.

— J’ai été mal pour vous, dit-elle, je m’en repens, chère Julie, et je viens vous en demander pardon.

— Je ne vous en voulais point, répondit madame d’Estrelle.

— Oui, je sais que vous êtes une grande philosophe ou une grande sainte ; mais vous êtes une femme quand même, mon amie : on vous a persécutée, et vous souffrez !

— Je ne sais pas ce que vous voulez me dire.

— Oh ! mon Dieu, je sais bien que cette persécution de créanciers durait depuis assez longtemps pour que vous en eussiez pris l’habitude ; mais il paraît qu’un moment est venu où vous avez failli tout perdre. On dit que vous avez encore obtenu un répit, mais avec beaucoup de peine, et avec la certitude que c’est reculer pour mieux sauter ; vous avez dit cela à madame des Morges, est-ce vrai ?

— Oui, c’est vrai. Je ne suis ici qu’en attendant une liquidation complète.

— Mais vous sauverez quelque chose ?

— Je ne veux rien sauver de ce qui me vient de M. d’Estrelle. Je dois et je veux tout céder.

— Oh ! alors je vois pourquoi vous êtes si pâle et si changée ! On me l’avait bien dit : vous montrez une résignation admirable, mais vous êtes malade de chagrin. Eh bien, ma chère, vous avez tort de vous roidir contre les consolations de l’amitié. C’est un beau