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de tout genre, et il ne réussissait qu’à écarter la pauvreté, à sauver la vie matérielle de ses amis ; il ne pouvait rien sur leur état moral, et il disait chaque soir à sa femme :

— Ma bonne amie, il n’y a rien de plus faux que le réel ! Je m’évertue à leur procurer les moyens de vivre, et je ne réussis qu’à les faire mourir.




VIII.


Julie revint à Paris. Elle y retrouva son luxe, ses équipages, ses joyaux, ses gens. M. Antoine avait veillé à tout, rien n’était changé autour d’elle. Elle ne fit attention à rien. Marcel avait en vain espéré qu’elle éprouverait, au moins instinctivement, une sorte de bien-être à rentrer dans son milieu habituel. Il s’effraya et s’irrita presque de cette inexorable indifférence. Il avait averti ceux de ses amis qu’il avait pu rassembler pour la forcer au moins à s’observer devant eux. Elle les revit sans effusion, et, comme ils s’alarmaient de sa pâleur et de son air accablé, elle mit tout sur le compte d’un refroidissement qu’elle avait pris en voyage et qui l’avait retenu à la campagne plus longtemps que de raison. Ce n’était rien, disait-elle, elle avait été plus mal, elle était mieux, elle n’avait pas voulu écrire pour n’inquiéter personne.