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votre triste hymen un beau nom et un titre qui relèvent votre état dans le monde. Vous êtes veuve, ce qui vous permet de vous faire voir et connaître, et sans enfants, ce qui vous laisse toute la fleur de votre jeunesse. Vous n’avez pas de fortune ; mais, comme votre douaire, grevé de dettes, ne sera pas une grosse perte, vous pouvez fort bien en faire bon marché et y renoncer pour un meilleur parti que le premier. Si vous voulez vous fier à moi, je me charge de vous faire faire le genre de mariage auquel vous pouvez parfaitement prétendre.

— Le genre de mariage ? Vous m’étonnez ; expliquez-vous !

— Je veux dire que vous êtes trop charmante pour ne pas être épousée par amour.

— Fort bien ; mais sera-ce quelqu’un que je pourrai aimer, moi ?

— Si l’homme, au lieu d’être un mangeur et un fou, est vraiment riche, bien né, car il faut cela avant tout, et vous ne pouvez descendre sans blâme, s’il a de l’usage, du savoir-vivre et les instincts d’un homme de qualité, enfin si c’est un honnête homme,… que pouvez-vous exiger de plus ? Il ne faut pas vous attendre à ce qu’il soit de la première jeunesse et tourné comme un héros de roman… On ne rencontre guère de ces brillants personnages qui soient disposés à choisir une personne de mérite pour ses beaux yeux ; tout le monde est ruiné plus ou moins par le temps qui court !