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dans ce couvent en qualité de dame en chambre, elle put garder Marcel dans son appartement pour lui donner ses instructions.

— En aucune façon, lui dit-elle, je ne veux accepter les bienfaits de M. Antoine ; ils me sont odieux, et je n’ai même plus besoin de ses ménagements. Qu’il se paye entièrement, puisqu’il est désormais mon unique créancier, qu’il dispose de tout ce qui est à moi. Je n’ai plus rien que ma rente de douze cents livres, et, devant vivre seule à jamais, je n’ai pas besoin d’autre chose. Qu’il ne me laisse pas mon mobilier, qu’il ne me renvoie pas mes diamants, je ne les recevrais pas. Qu’il rédige lui-même l’engagement que je prends de ne jamais me marier. Je le signerai en échange de la donation qu’il fera à madame Thierry de la maison de Sèvres et d’une rente que vous débattrez en mon nom. Vous exigerez aussi que ni madame Thierry ni son fils ne soient informés de la vérité en ce qui me concerne. Vous leur direz que je suis partie, que je ne peux pas, que je ne veux pas les recevoir, parce que… Ah ! mon Dieu ! que leur direz-vous ?… Je n’en sais rien ! Dites-leur ce que vous imaginerez de moins cruel, mais de plus irrévocable, car il ne faut pas laisser de ces espérances qui font languir et qui rendent le réveil plus amer. Dites-leur… ne leur dites rien… Hélas ! hélas ! je n’ai plus la force de penser, de vouloir ; je n’ai plus la force de rien !

— J’aviserai, dit Marcel, j’y penserai en courant. Je vous laisse désespérée ; mais il faut que j’aille cher-