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— Alors c’est vous, monsieur ? dit Julien au notaire.

— Non, monsieur, répondit le notaire avec résolution ; j’ai suivi madame, et j’ignore absolument ce qu’elle vient faire ici.

— Vous auriez donc beaucoup mieux fait de ne pas me suivre, reprit la marquise avec une sèche tranquillité ; j’ai eu une raison pour venir dans cette boutique de tableaux, vous n’en avez pas. Faites-moi l’amitié de m’y laisser agir à ma guise.

— Je m’en lave les mains, répondit le notaire en saluant Julien avec beaucoup de politesse, et il sortit maudissant l’humeur acariâtre et fantasque de sa cliente.

— Quant à vous, monsieur le procureur,… dit la marquise à Marcel.

— Quant à moi, madame, répondit Marcel, je suis ici dans ma famille, et n’ai d’ordre à recevoir que de la maîtresse du logis qui est ma tante.

— Je sais tout cela. Je sais votre parenté et comment vous vous entendez en bons amis entre vous, et en bons voisins avec la veuve du comte d’Estrelle. Restez si bon vous semble, ou mettez-moi à la porte si vous l’osez.

— Finissons-en, madame, dit Julien, qui perdait patience. Je n’ai pas coutume de manquer de respect à une femme, quelque étonnante qu’elle me paraisse ; mais je suis un artiste, un ouvrier si vous voulez : je suis chez moi, dans ma boutique de tableaux, comme vous dites fort bien, j’y travaille, je n’ai pas de temps