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reste, mais le fondé de pouvoirs engagé à soutenir pied à pied la cause de sa cliente. On l’avait, d’ailleurs, prévenu contre Julie, et il ne voyait en elle qu’une jeune folle décidée à tout sacrifier à des passions déréglées. Marcel n’y put tenir ; il se fâcha, jura son honneur qu’il n’existait aucune relation secrète entre la comtesse et son cousin, qu’ils se connaissaient à peine, et que Julie était la femme la plus pure, la plus digne de respect et de pitié. Marcel était connu pour un très-honnête homme : la chaleur de sa conviction ébranla le notaire ; mais, revenant aux droits de la marquise, il démontra qu’elle était maîtresse de la situation et qu’on serait heureux d’en passer par où elle voudrait.

Pourtant il promit de faire son possible pour l’amener à des dispositions plus généreuses envers la veuve de son beau-fils. Le lendemain, il annonça, par une lettre à Marcel, que la marquise souhaitait voir l’hôtel d’Estrelle, où elle n’était pas entrée depuis longtemps. Elle voulait s’assurer par ses yeux de l’état des lieux et faire procéder à une évaluation qui serait débattue en sa présence par ses conseils et ceux de la comtesse. Il était aisé de voir, à la forme de cette lettre, que le notaire avait mécontenté sa cliente en plaidant, ainsi qu’il l’avait promis, le côté moral de la cause de Julie, et que lui-même était assez mécontent des méfiances et des duretés de la douairière.

Il se présenta le jour même avec elle. Julie, ne voulant pas revoir sa cruelle ennemie, se renferma dans