Page:Sand - Antonia.djvu/195

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Et moi, c’est le contraire ; j’étais sûr de t’y rencontrer !

Et, sans traduire cette réponse complétement énigmatique pour Julien, il lui tourna le dos.

— Allons, allons ! la tête déménage sérieusement, pensa Julien.

Et il passa outre, mais non sans se retourner deux ou trois fois pour voir si l’amateur de jardins entrait ou sortait, et si par hasard il ne se trouvait pas là sans en avoir conscience ; mais, chaque fois, il vit M. Antoine immobile au bas de l’escalier et le suivant des yeux d’un air moqueur, sans donner du reste aucun signe d’égarement.

L’oncle Antoine se perdit dans la foule, qui, peu d’instants après, envahit le péristyle. Un des premiers groupes qu’il vit sortir fut la famille du procureur avec une inconnue plus grande que madame Marcel et complètement masquée par sa coiffe de taffetas noir. Il se faufila jusqu’à la rue et prit le numéro du fiacre où ce groupe monta, puis il lança à la poursuite de ce fiacre le même espion adroit et agile qui l’avait averti de la sortie de madame d’Estrelle avec son procureur, et qui, depuis un mois, sous toute sorte de déguisements et de prétextes, faisait le guet autour de l’hôtel, et dans l’hôtel même à certains moments.

Le spectacle, à cette époque, finissait encore assez tôt pour qu’on pût souper. Julie était rentrée à dix heures, après avoir reconduit madame Marcel rue des Petits-Augustins. Marcel, qui avait ensuite ramené