Page:Sand - Antonia.djvu/126

Cette page n’a pas encore été corrigée

en relief, des lignes droites partout, mais dessinant des proportions harmonieuses, un plafond blanc peu élevé, mais n’écrasant rien ; au-dessus des portes, un ovale en guirlande sculpté sur bois et très-sobre de feuillage, peint, ainsi que les baguettes des panneaux, en gris plus foncé que le reste ; deux ou trois belles toiles de fleurs et de fruits, ouvrages estimés d’André Thierry, quelques ébauches et deux petites études de Julien, une grande vasque de faïence de Rouen, posée sur une console, contre une glace, et toute remplie de fleurs naturelles et de grands rameaux jetés avec grâce et pendant jusqu’à terre ; un petit tapis devant le canapé, deux ou trois chevalets, des coquilles, des boîtes d’insectes, des statuettes et des gravures sur une grande table ; un ameublement tout en bois de chêne, à fond de canne, une petite harpe, seul objet brillant qui fît chatoyer ses vieilles dorures dans un coin sombre : certes il n’y avait rien dans tout cela qui sentît un grand bien-être ; mais sur tout cela il y avait un vernis de propreté assidue et une fraîcheur en même temps qu’une douceur d’éclairage qui disposait à la rêverie. L’atelier était un peu assombri par les lilas trop voisins et trop touffus du jardin ; mais ce jour verdâtre avait une poésie étrange, et il y planait je ne sais quel recueillement ému dont Julie se sentit pénétrée. Que fallait-il de plus que cette retraite si petite et si humble pour savourer les joies de l’âme et les ivresses sans fin de la sécurité morale ? De quoi servait à Julie d’avoir des meubles somptueux, mille