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comme un éblouissement, et, ne sachant que faire de cette main de femme qu’il ne croyait pas devoir baiser et qu’il n’osait pas serrer, il la laissa retomber, et bégaya un remercîment fort embrouillé, mais empreint d’une sorte d’effusion.

— Puisque vous me traitez comme si vous étiez mon obligé, reprit madame d’Estrelle, je vous avertis que je deviens exigeante. Je n’ai besoin, en réalité, pour le moment que de vingt mille livres. Autorisez-moi à offrir les vingt mille autres de votre part à madame Thierry.

— Oh ! ça, ce n’est pas possible ! dit Antoine avec humeur. Elle refusera… En voilà une qui me déteste ! Je viens de lui rendre visite… Elle m’a tourné les talons et s’est sauvée dans son grenier !

— Vous avez donc eu quelque tort envers elle, mon voisin ?

— Jamais !… Si elle a voulu le comprendre autrement… Qu’elle dise ce qu’elle voudra, je suis un honnête homme.

— Elle ne m’a jamais dit le contraire.

— Elle ne vous a jamais parlé de moi ? Voyons, là, sur l’honneur, vous aussi !

— Sur l’honneur, jamais !

— Alors,… tenez ! dites-lui de me respecter comme elle le doit, et ne parlez pas de lui donner un argent qui est à vous ; car, le diable m’emporte ! si vous voulez faire cas de moi et ne pas rougir de mon amitié, je lui flanque,… oui, je lui campe un joli