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— Vous êtes bien bon ! dit Julie avec un imperceptible sourire de raillerie ; mais…

— Mais c’est comme ça, madame la comtesse, vous êtes faite pour qu’on pense à vous,… et j’y pensais, que diable !… Je me disais : « C’est dommage qu’une personne si…, une dame qui, enfin quelqu’un de bien, soit sous le pourchas des recors… Je ne suis qu’un roturier, mais je me sens moins ladre que les beaux messieurs et les belles dames de sa famille. » C’est pourquoi j’ai dit ce que j’ai dit, et vous l’avez pris de travers, ce qui prouve que vous me méprisez.

— Oh ! pour cela, non ! s’écria la comtesse. Vous mépriser pour une bonne action que vous vouliez faire ? Non, cent fois non ! Vous savez bien que c’est impossible !

— Alors,… pourquoi refuser ?

— Écoutez, monsieur Thierry, voulez-vous me donner votre parole d’honnête homme que vous me connaissez bien, que vous êtes bien sûr de la sincérité, du désintéressement personnel de ma démarche auprès de vous ?

— Oui, madame, je vous en donne ma parole d’honneur. Est-ce que sans ça, mordié ! je reviendrais vous voir ?

— Eh bien, j’accepte, dit Julie en lui tendant la main, mais à une condition, c’est que vous me rendrez votre bienveillance.

Le vieux Antoine perdit la tête en sentant cette petite main douce dans sa main sèche et dure. Il eut