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faisant crier ses gros souliers, se rassit, et, oubliant un peu son lis, il essaya de causer avec Julien.

— Est-ce que tu as beaucoup d’ouvrage ? lui dit-il.

— Beaucoup, répondit Julien.

— Et on te paye cher ?

— Assez cher. Je n’ai pas à me plaindre.

— Combien gagnes-tu par jour ?

— Une dizaine d’écus, l’un dans l’autre, dit Julien en souriant.

— Ce n’est guère ; mais, à ton âge, ton père n’en gagnait pas tant, et tu augmenteras tes prix d’année en année ?

— Je l’espère et j’y compte.

— Tu as de l’ordre, toi, à ce qu’on dit ?

— Oui, mon oncle, je suis forcé d’en avoir.

— Tu ne vas pas dans le monde, je pense ?

— Je n’ai pas le temps d’y aller.

— Mais tu connais des gens de qualité ?

— Ceux qui fréquentaient mon père ne m’ont pas oublié.

— Tu rends quelquefois des visites ?

— Rarement, et seulement quand il le faut.

— Connais-tu la baronne d’Ancourt ?

— Je connais son nom, rien de plus.

— N’est-ce pas une amie de madame d’Estrelle ?

— Je n’en sais rien.

— Mais madame d’Estrelle, tu la connais ?

— Non, mon oncle.

— Tu ne l’as jamais vue ?