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deux de ces fenêtres, éclairées par le soleil couchant et couvertes de pots de fleurs, c’est là que Rose respire. Monter l’escalier, ce n’est pas le plus difficile ; mais franchir le palier et passer la porte, c’est pire que d’entrer dans le jardin des Hespéridés. »

André, troublé, s’efforça de prendre un air dégagé et de sourire.

— Aurais-je dit quelque sottise ? dit Joseph. Cela est possible. J’aime trop la mythologie. Je ne suis pas toujours heureux dans mes citations.

— Celle-là est fort bonne, au contraire, répondit André ; j’en ris parce qu’elle est plaisante, et que, je ne me sens point le courage d’Alcide et de Jason.

Quoi qu’il en soit, André était le lendemain sur l’escalier de la vieille maison rouge. Où allait-il ? il le savait à peine. Serait-il reçu ? il ne l’espérait pas. Il avait à la main un énorme bouquet des plus belles fleurs qu’il avait pu réunir : c’était toute sa recommandation. Il était tour à tour pâle comme ses narcisses et vermeil comme ses adonis. Il se soutenait à peine, et à la dernière marche il fut forcé de s’asseoir. C’était déjà beaucoup d’avoir pu arriver jusque-là sans attrouper toute la maison et sans causer un scandale qui eût indisposé Geneviève contre lui. Il avait passé adroitement le long de l’arrière-boutique du chapelier, qui occupait le rez-de-chaussée, sans être aperçu d’aucun des apprentis ; au premier étage, il avait évité un atelier de lingères dont la porte était ouverte et d’où partait le refrain de plusieurs romances