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se reprochait de n’en avoir pas profité ; il se rappelait cent circonstances où il aurait pu dire à propos un mot qui lui eût obtenu la bienveillance de Geneviève, et il éprouvait un regret mortel de sa timidité. Il brûlait de trouver l’occasion de la réparer ; mais quand viendrait cette occasion ? dans huit jours ? dans quatre ? un seul lui paraissait éternellement long, et l’ennui dévorait déjà sa vie.

La crainte de se montrer trop empressé et d’effaroucher l’austérité de Geneviève lui faisait seule renoncer aux mille projets romanesques qu’il enfantait presque malgré lui. Mais bientôt il était forcé de s’avouer que vivre sans la voir était impossible, et qu’il fallait sortir de son inaction ou devenir fou.

Il alla vers le soir à la ville. Il s’assit à l’écart sur un des bancs de la promenade, espérant qu’elle passerait peut-être ; mais il vit défiler par groupes toutes les filles de la ville sans apercevoir le petit pied de Geneviève. Il se rappela qu’elle ne sortait jamais à ces heures-là. Il rôda autour de la maison Marteau sans oser y entrer ; car il éprouvait une répugnance infinie à laisser deviner ce qui se passait en lui. À l’entrée de la nuit il vit sortir Henriette et ses ouvrières. Geneviève n’était point avec elles. S’il avait su où elle demeurait, il se serait glissé sous sa fenêtre : il l’eût peut-être aperçue ; mais il ne le savait pas, et pour rien au monde il ne l’eût demandé à qui que ce fût.

Le lendemain il revint dans la journée ; et, tâchant de