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de toucher la main d’André : c était la première fois de sa vie que pareille chose lui arrivait ; mais elle prit courageusement son parti et montra une gaieté douce qu’elle n’aurait pas espérée d’elle-même si elle eût prévu une heure auparavant qu’elle dût sortir à ce point de ses habitudes.

« Eh bien ! savez-vous une chose ? s’écria Joseph à la fin de la contredanse ; c’est que mademoiselle Geneviève passe pour ne pas savoir danser. Oui, mesdemoiselles, il y a dans la ville vingt mauvaises langues qui disent qu’elle a ses raisons pour ne pas aller au bal. Eh bien ! moi, je vous le dis, je n’ai jamais vu si bien danser de ma vie ; et cependant, mademoiselle Henriette, il n’y a pas beaucoup de prévôts qui pussent vous en remontrer. »

Geneviève devint rouge comme une fraise, et Henriette, s’approchant de Joseph, lui dit :

Taisez-vous, vous allez la mettre en fuite. C’est un mauvais moyen pour l’apprivoiser que de faire attention à elle.

— Allons donc ! allons donc ! dit Joseph à voix basse en ricanant ; un petit compliment ne fait jamais de peine à une fille. Quand je vous dis, par exemple, que vous voilà jolie comme un ange, vous ne pouvez pas vous en fâcher, car vous savez bien que je le pense.

— Vous êtes un diseur de riens ! répondit Henriette, gonflée d’orgueil et de contentement.

Cette fois André osa inviter Geneviève, mais il la