Page:Sand - Andre.djvu/58

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Non, en vérité ! mais cela a deux pieds de haut ; les feuilles sont comme tachées de sang ; les fleurs sont d’un rose clair, avec de grandes taches de lie de vin ; on dirait de grandes guêpes avec un dard, ou de petites vilaines figures qui vous tirent la langue ; j’en ai ri tout seul à m’en tenir les côtes en les regardant.

— Voilà une plante fort singulière, dit Geneviève en souriant.

— Je crois, dit timidement André, autant que mon peu de savoir en botanique me permet de l’affirmer, que ce sont des plantes ophrydes appelées par nos bergers herbe aux serpents[1].

— Ah ! pourquoi ce nom-là ? dit Geneviève ; qu’est-ce que ces pauvres fleurs ont de commun avec ces vilaines bêtes ?

— Ce sont des plantes vénéneuses, répondit André, et qui ont quelque chose d’affreux en elles malgré leur beauté ; ces taches de sang d’abord, et puis une odeur repoussante. Si vous les aviez vues, vous auriez trouvé quelque chose de méchant dans leur mine ; car les plantes ont une physionomie comme les hommes et les animaux.

— C’est drôle ce que tu dis là, reprit Joseph ; mais c’est parbleu vrai ! Quand je le dis que ces fleurs m’ont fait l’effet de me rire au nez, et que je n’ai pas pu m’empêcher d’en faire autant !

  1. C’est le satyrion-bouquin.