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quefois elle sort avec le jour, pour aller dans les champs cueillir ses fleurs, avant que vous ne soyez sortis du nid, vous autres, oiseaux sans plumes.

— En vérité ! s’écria André vivement ; en ce cas c’est elle que j’ai rencontrée un jour…. Il se tut tout à coup, et sortit un instant après, pour cacher l’émotion et la joie qu’il éprouvait de retrouver la trace de sa belle rêveuse de la prairie.

— Voyez-vous ce garçon-là ? dit Joseph aux ouvrières, lorsque André eut quitté la chambre : il est fou.

— Il est tout étrange, en effet, répondit Henriette.

— Il faut que je vous dise son véritable mal, reprit Joseph ; il s’ennuie faute d’être amoureux, et il faut, mesdemoiselles, que vous m’aidiez à le guérir de cet ennui-là.

— Oh ! nous ne nous en mêlons pas ! s’écrièrent-elles toutes, non sans jeter un regard attentif sur André, qui passait à la fenêtre.

— Je parle sérieusement, chère Henriette, dit Joseph, qui rencontra la belle couturière un instant avant le dîner dans le corridor de la maison ; il faut que vous m’aidiez à consoler mon ami André.

— Plaisantez-vous ? répondit-elle d’un air dédaigneux ; adressez-vous à un médecin si ce monsieur est fou.

— Non, il n’est pas fou, belle Henriette ; il est trop sage au contraire. Il n’ose pas seulement trouver une femme jolie. Fiez-vous à ces amoureux-là ; dès qu’ils