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pour nous faire danser, et elle chante mieux avec son gosier que vous avec votre flûte. Il faut voir comme elle nous reçoit bien ! quelle propreté chez elle ! c’est un petit palais ! On ne dira pas qu’elle est aidée par ses amants, celle-là !

— Ah ! oui, des jolis bals ! dit Joseph, des bals sans hommes ! Je suis sûr que vous vous ennuyez.

— Voyez-vous cet orgueil ! ces messieurs se figurent qu’on ne pense qu’à eux !

— À quoi tout cela la mènera-t-il ? reprit Joseph ; trouvera-t-elle un mari sous les feuillets de ses vieux livres ou dans les boutons de ses fleurs ?

— Bah ! bah ! un mari ! quel est donc l’artisan qui pourrait épouser une femme comme elle ? Un beau mari pour elle qu’un serrurier ou un cordonnier, avec ses mains sales et son tablier de cuir ! Et quant à vous, mes beaux messieurs, vous n’épousez guère, et Geneviève est trop fière pour être votre bonne amie autrement.

— Dites qu’elle est trop froide. Je ne peux pas souffrir les femmes qui n’aiment rien.

Vous la connaissez bien, en vérité ! dit Henriette, en haussant les épaules ; c’est le cœur le plus sensible : elle aime ses amies comme des sœurs, elle aime ses fleurs, comme quoi dirai-je ?… comme des enfants. Il faut la voir se promener dans les prés et trouver une fleur qui lui plaît ! c’est une joie, c’est un amour ! Pour une petite marguerite dont je ne donnerais pas deux sous, elle pleure de plaisir ; quel-