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tournant légèrement sur le talon, parla d’autre chose. L’aisance avec laquelle on avait osé critiquer l’œuvre d’Henriette et le peu d’attention, qu’on faisait à son dépit augmentèrent son ressentiment, et elle se promit d’avoir sa revanche.

Après que la dame eut parlé assez longtemps avec madame Marteau sans rien dire, elle demanda si le bouquet de noces était acheté.

— Il est commandé, dit madame Marteau, Geneviève y met tous ses soins ; elle aime beaucoup ma fille, et elle lui a promis de lui faire les plus jolies fleurs qu’elle ait encore faites.

— Savez-vous que cette petite Geneviève a du talent dans son genre ? reprit madame Privat.

— Oh ! dit la grand’mère, c’est une chose digne d’admiration ! moi, je ne comprends pas qu’on fasse des fleurs aussi semblables à la nature. Quand je vais chez elle et que je la trouve au milieu de ses ouvrages et de ses modèles, il m’est impossible de distinguer les uns des autres.

— En effet, dit la dame avec indifférence, on prétend qu’elle regarde les fleurs naturelles et qu’elle les imite avec soin ; cela prouve de l’intelligence et du goût.

— Je crois bien ! murmura Henriette, furieuse d’entendre parler légèrement du talent de Geneviève.

— Oh ! du goût ! du goût ! reprit la vieille, c’est ravissant le goût qu’elle a, cette enfant ! Si vous