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part ses privilèges ne dégénèrent moins en abus. L’indépendance et la sincérité dominent comme une loi générale dans les divers caractères de ces jeunes filles. Fières de leur beauté, elles exercent une puissance réelle dans leur Yvetot, et cette espèce de ligue contre l’influence féminine des autres classes établit entre elles un esprit de corps assez estimable et fertile en bons procédés.

Par exemple, si le secret de leurs fautes n’est pas toujours assez bien gardé pour ne pas faire le tour de la ville en une heure, du moins y a-t-il une barrière que ce secret ne franchit pas aisément. Là où cesse l’apostolat de l’artisanerie cesse le droit d’avoir part au petit plaisir du scandale. Ainsi l’aventure d’une grisette peut égayer ou attendrir longtemps la foule de ses pareilles avant d’être livrée au dédaigneux sourire des bas-bleus de l’endroit ou aux graveleux quolibets des villageoises d’alentour.

Ces aventures ne sont pas rares dans une ville où une seule classe de femmes mérite assez d’hommages pour accaparer ceux de toutes les classes d’hommes : aussi voit-on rarement une belle artisane être farouche au point de manquer de cavalier servant. Tant de sévérité serait presque ridicule dans un pays où la galanterie n’a pas encore mis à la porte toute naïveté de sentiment, et où l’on voit plus d’une amourette s’élever jusqu’à la passion. Ainsi une jeune fille y peut, sans se compromettre, agréer les soins d’un homme libre et ne pas désespérer de