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André appela Joseph à son secours et le conjura d’attester la fermeté de sa conduite envers son père. Le bon Joseph imposa silence à sa mauvaise humeur et exagéra la bravoure et les grandes résolutions d’André. Geneviève avait bien envie de se laisser persuader. On tint conseil. On donna pour boire au conducteur afin qu’il attendit une heure de plus, ce qui fut d’autant plus facile que Geneviève était le seul voyageur de la patache.

Geneviève fit observer que son départ devait déjà être connu de toute la ville de L….., qu’un brusque retour avec André serait un sujet de scandale ou de moquerie ; jusque-là on pouvait croire à la maladie de sa cousine. Il ne fallait pas donner à toute cette histoire la tournure d’un dépit amoureux ou d’un caprice romanesque. La jalousie d’Henriette impliquerait Joseph dans cette combinaison d’événements d’une manière étrange et ridicule. André, toujours ardent et courageux quand il ne s’agissait que de prévoir les obstacles, prétendait qu’il fallait fouler aux pieds toutes ces considérations. Joseph, plus tranquille, approuva toutes les observations de Geneviève, et décida, en dernier ressort, qu’elle devait passer huit jours à Guéret, tandis qu’André reviendrait à L….. et s’établirait chez lui. Ce temps devait être consacré à faire, par lettres, de nouvelles démarches respectueuses auprès du marquis, après quoi on s’occuperait des démarches légales. Geneviève, à ce mot, secoua la tête sans rien dire ; son