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tous les torts seront de son côté, et nous aurons le droit d’agir vigoureusement.

André se décida enfin, et trouva son père occupé à nettoyer ses fusils de chasse. Il entra timidement et fit crier la porte en l’ouvrant lentement et d’une main tremblante.

— Voyons, qu’y a-t-il ? qu’est-ce que c’est ? dit le marquis impatienté ; pourquoi n’entrez-vous pas franchement ? Vous avez toujours l’air d’un voleur ou d’un pauvre honteux.

— Je viens vous demander un moment d’entretien, répondit André d’un air froid et craintif. C’était la première fois qu’il essayait d’avoir une explication avec son père. Le marquis fut si surpris qu’il leva les yeux et toisa André de la tête aux pieds. Il pressentit en un instant le sujet de cette démarche, et la colère s’alluma dans ses veines avant que son fils eût dit un mot. Tous deux gardèrent le silence, puis le marquis s’écria : « Allons, tonnerre de Dieu ! êtes-vous venu ici pour me regarder le blanc des yeux ? Parlez, ou allez-vous-en.

— Je parlerai, mon père, dit André, à qui le sentiment de l’offense donnait un peu de courage. Je viens vous déclarer que je suis amoureux de Geneviève la fleuriste, et que mon intention est de l’épouser, si vous voulez bien m’accorder votre consentement…

— Et si je ne l’accorde pas, s’écria le marquis en se contenant un peu, que ferez-vous ?