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est mort !… ah ! oui… je le vois… Il est mort !… Et elle s’appuya en chancelant contre la croix.

— Non, non ! répondit vivement Joseph ; il vit, on peut le sauver encore.

— Ah ! merci, merci ! dit Geneviève, mais dites-moi bien la vérité, est-il bien mal ?

— Mal ? certainement. Voici la réponse ambiguë du médecin : peu de chose à craindre, peu de chose à espérer ; c’est-à-dire que la maladie suit son cours ordinaire et ne présente pas d’accident impossible à combattre, mais que par elle-même c’est une maladie grave et qui ne pardonne pas souvent.

— En ce cas, dit Geneviève après un instant de silence, retournez auprès de lui, je vais encore prier ici.

Elle se remit à genoux et laissa tomber sa tête sur ses mains jointes, dans une attitude de résignation si triste que Joseph en fut profondément touché.

— Je vais y retourner, en effet, répondit-il ; mais je reviendrai certainement vers vous aussitôt qu’il y aura un peu de mieux.

— Écoutez, Joseph, lui dit-elle, s’il doit mourir cette nuit, il faut que je le voie, que je lui dise un dernier adieu. Tant que j’aurai un peu d’espoir, je ne me sentirai pas la hardiesse de me montrer dans sa maison ; mais si je n’ai plus qu’un instant pour le voir sur la terre, rien au monde ne pourra m’empêcher de profiter de cet instant-là. Jurez-moi que vous m’avertirez quand tout sera perdu, quand