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— Pas la moindre ; j’aime Henriette à la folie, et il n’y a pas un cheveu de Geneviève qui me tente ; je n’entends rien à ces sortes de femmes. Mais je comprends ta situation. Tu es le premier amant de Geneviève et tu lui dois plus qu’à toute autre. Rassure-toi cependant ; tu ne seras pas le dernier, et il n’y a pas de fille inconsolable.

— Je ne connais pas les autres filles, et vous ne connaissez pas Geneviève. Nous ne pouvons pas raisonner ensemble là-dessus ; agis avec Henriette comme tu voudras, je me conduirai avec Geneviève comme Dieu m’ordonne de le faire.

Joseph s’épuisa en remontrances sans ébranler la résolution de son ami ; il le quitta pour aller faire la paix avec Henriette, et se consola de l’imprudence d’André en se disant tout bas : « Heureusement ce n’est pas encore fait ; la grosse voix du marquis n’a pas encore tonné. »

Cet événement ne se fit pas longtemps attendre. Des amis officieux eurent bientôt informé M. de Morand de la passion de son fils pour une grisette. Malgré sa haine pour cette espèce de femmes, il s’en inquiéta peu d’abord. Il fut même content, jusqu’à un certain point, de voir André renoncer à ses rêves d’expatriation. Mais quand on lui eut répété plusieurs fois que son fils avait manifesté l’intention sérieuse d’épouser Geneviève, quoiqu’il lui fût encore impossible de le croire, il commença à se sentir mécontent de cette espèce de bravade, et résolut d’y