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pour belle-fille ? crois-tu que tu auras seulement le courage de lui en parler ?

— Je n’en sais rien, répondit André un peu troublé de cette dernière question ; mais je sais que j’ai droit à un petit héritage de ma mère, et que cela suffira pour m’enrichir au delà de mes besoins et de ceux de Geneviève.

— Idée de roman, mon cher ! On peut vivre avec moins ; mais quand on a vécu dans une certaine aisance, il est dur de se voir réduit au nécessaire. Songes-tu que ton père est jeune encore, qu’il peut se remarier, avoir d’autres enfants, te déshériter ? Songes-tu que tu auras des enfants toi-même, que tu n’as pas d’état, que tu n’auras pas de quoi les élever convenablement, et que la misère te tombera sur le corps à mesure que l’amour te sortira du cœur ?

— Jamais il n’en sortira ! s’écria André, il me donnera le courage de supporter toutes les privations, toutes les souffrances…

— Bah ! bah ! reprit Joseph, tu ne sais pas de quoi tu parles ; tu n’as jamais souffert, jamais jeûné.

— Je l’apprendrai, s’il le faut.

— Et Geneviève l’apprendra aussi ?

— Je travaillerai pour elle.

— À quoi ? Fais-moi le plaisir de me dire à quelle profession tu es propre. As-tu fait ton droit ? as-tu étudié la médecine ? Pourrais-tu être professeur de mathématiques ? Saurais-tu au moins faire des bottes,