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dit-elle en lui désignant avec orgueil une branche de cette jolie plante.

— Ceci est un chef-d’œuvre, dit André en la prenant avec précaution. Vous ne savez pas quelles immenses ressources vous offre votre talent. Un amateur paierait cette fleur un prix exorbitant. Cependant on pourrait y faire encore une légère critique : les fleurs sont trop régulièrement parfaites ; la nature est plus capricieuse, plus sans façon. Ainsi le calice du fuxia a souvent cinq pétales, et souvent trois, au lieu de quatre qu’il doit avoir. Les caryophyllées sont sujettes à ces erreurs continuelles et n’en sont que plus belles. Voyez ce violier jaune qui est sur votre fenêtre.

— Vous avez peut-être raison, dit Geneviève. Moi j’évitais cela dans la crainte de mal faire. Aimez-vous ces pois de senteur ?

— Il n’y manque que le parfum ; cependant voici un petit défaut : toutes les légumineuses ont dix étamines, mais neuf seulement sont réunies dans une sorte de gaine ; la dixième est indépendante des autres, et vous n’avez pas observé cette particularité.

— Êtes-vous sûr de cela ?

— Il y a du genêt d’Espagne dans mon bouquet : déchirez-en une fleur.

— En vérité, vous avez raison ; mais vous êtes bien sévère. Tant mieux pourtant ; il y a beaucoup à profiter avec vous. Continuez donc à m’instruire, je vous en prie. »