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vallées largement échancrées et qui s’abaissent majestueusement vers le rivage : tout paraît imposant dans ce panorama du fleuve qui vous rapproche de la Provence.

Mais, derrière cette ceinture de rochers, la nature, tout en conservant dans son ensemble l’âpre caractère des bouleversements volcaniques, offre mille recoins charmants où l’on peut vivre en pleine idylle ; des prairies verdoyantes, des châtaigniers aussi beaux que ceux du Limousin, des noyers aussi ronds que ceux de la Creuse, enfin des pampres et des buissons sous lesquels disparaissent les antiques laves et les sombres basaltes dont le sol est semé.

Dans les vallées qui s’ouvrent sur le Rhône, passent des vents terribles ou tombent des soleils brûlants ; mais, à mesure qu’on remonte le cours des rivières qui s’épanchent dans le fleuve, on s’élève, vers les Cévennes, dans une atmosphère différente, et, en une journée de voyage, on pourrait, du fleuve à la montagne, quitter une région brûlante pour une tout à fait froide, et un soleil de feu pour des neiges presque éternelles.

C’est entre ces deux extrêmes, dans une des plus fertiles parties du Vivarais, que se trouvait notre voyageur, et le vallon qui s’offrait à ses regards était riant et paisible. Pourtant, du point où il se trouvait placé, outre les caprices de la brume qui transformait tous les objets, les premiers plans conservaient le caractère étrange et rude