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II



Narration.


D’Argères, s’étant beaucoup fatigué, et subissant les fréquentes souffrances des organisations nerveuses, dormit peu et mal. Il eut un rêve obstiné qui lui fit entendre à satiété la romance du gondolier, et qui fit passer en même temps devant lui l’image, à chaque instant transformée, de la désolée. Tantôt c’était un ange du ciel, tantôt une péri, une fée ou un monstre.

Lassé de ce malaise, il se leva avec le jour et prit machinalement le chemin de la maison dont il avait aperçu la lueur aux premières clartés des étoiles.

— Je veux tâcher de savoir, se disait-il, si c’est vraiment une folle qui chantait si bien. Dans ce cas, je m’éloignerai toujours de cet endroit, je ne passerai plus par ce sentier. Je me suis toujours figuré que la folie était contagieuse pour moi, et ce que j’ai éprouvé cette nuit me fait croire que j’ai une prédisposition…