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Et, s’agenouillant sur le carreau avec sa belle robe de moire, sans qu’Adriani, stupéfait, pût comprendre ce qu’elle faisait, elle prit ses deux mains et lui dit :

— Vous vous êtes offert à moi tout entier et pour toujours. Je ne vous ai point accepté, je ne veux pas vous accepter encore, je n’en ai pas le droit. Je ne vous ai pas assez prouvé que je vous méritais. Il ne faut donc pas que la question soit posée comme cela. Si vous voulez que je sois tranquille et confiante, il faut que ce soit vous qui m’acceptiez telle que je suis, par bonté, par générosité, par compassion, par amitié ! Comme vous me demandiez de vous souffrir auprès de moi, je vous demande de me souffrir auprès de vous. Mes droits sont moindres, je le sais, car vous m’offriez une passion sublime et toutes les joies du ciel dans les trésors de votre cœur. Je n’ose rien vous dire de moi. Il y a si peu de temps que j’existe (je suis née le jour où je vous ai vu pour la première fois), que je ne me connais pas encore. Mais je crois que je deviendrai digne de vous, si je vis auprès de vous. Laissez-moi donc apprendre à vous aimer, et, quand vous serez content de mon cœur, prenez ma main et chargez-vous de ma destinée.

Adriani fut si éperdu, qu’il regardait Laure à ses pieds et l’écoutait lui dire ces choses délirantes, sans songer à la relever et à lui répondre. Il tomba suffoqué sur une chaise et pleura comme un enfant. Puis il se coucha à